Trop belle pour lui

En écho au post du rat des villes (10 décembre) !

Hippolyte ne tenait plus en place. Le coup de fil tant attendu était arrivé. Elle serait là vers 17 h.

Elle avait huit jours de retard. Huit jours qu’il n’osait plus sortir de peur de manquer l’appel annonciateur du bonheur.

Huit jours qu’il repassait en boucle le trajet qu’il prendrait pour éviter les embouteillages.

Il ne voulait pas la brusquer et lui montrer le mauvais côté de la ville aux heures de pointe.

La route serait un peu plus longue, mais ils auraient ainsi le temps de se découvrir, de faire connaissance.

Quelques amis l’avaient mis en garde ; elle n’était pas pour lui, trop racée, trop dépensière ; elle dilapiderait à coup sûr ses économies.

Peu lui importait. Il était tombé sous le charme et pour elle rien ne serait trop beau.

Il prendrait un taxi pour ne pas la faire attendre ; avec les bus l’on ne se sait jamais trop s’ils seront  à l’heure.

Elle était bien là, élancée, arrogante.

Pour elle, il s’était endetté ; il avait subi les réflexions désobligeantes de sa famille lorsqu’il avait évoqué sa conquête.

Et maintenant il se tenait devant elle, intimidé. Elle était comme dans ses rêves. Il prit délicatement les clés que lui tendait le vendeur.

Allez, il allait leur montrer à tous qu’elle était faite pour lui et tant pis pour les jaloux !

                                         La souris des champs, qui va doucement !